Origine du mot MOT SPAM

Origine du mot MOT SPAM

SPAM facile à démouler et à trancher

Le mot SPAM vient d’une pub sur les radios anglaises en 70 pour une boite de jambon … pas bon et a inspiré les Monty Python dans une de leur série TV. Ce mot a fini dans le dico. Monty Python : https://fr.wikipedia.org/wiki/Monty_Python

Artiste Rodchenko

Le mot spam a un rapport avec le jambon. C’est la contraction de « SPiced hAM » (jambon épicé). Il s’agit d’un mauvais jambon en boîte américain, lancé en 1937 par la société Hormel Foods. Mauvais, mais populaire aux États-Unis dans les années 1970, grâce à de la publicité à la radio. Des messages radio qui passaient en boucle et qui martelaient le nom du produit pour que cela rentre bien dans les têtes des auditeurs : « Spam, spam, spam ! ».

Le phénomène était devenu tellement populaire, qu’il a inspiré un sketch aux Monty Python (pour les plus jeunes : Monty Python, c’était un groupe anglais d’humoristes, comme des youtubers, mais ça passait à la BBC…) Un sketch qui se passait dans un restaurant où tout le personnel répétait sans cesse : « Spam spam spam ! »

Spam : des déluges de messages sur internet

Spam est devenu synonyme de la publicité bourrage de crâne qui nous inonde. Le premier spam numérique de l’histoire remonte au 3 mai 1978. On le doit à un certain Gary Thuerk, qui a envoyé le même message à plus de 600 utilisateurs sur le réseau ARPAnet (l’ancêtre d’internet). Ces utilisateurs n’ont pas apprécié et comme les Monthy Python étaient très populaires à l’époque, notamment parmi les informaticiens et les pionniers de l’internet, ils ont rapidement associé l’envoi massif de mails au mot spam.

C’est ainsi que le spam est devenu le mot pour désigner les déluges de messages que l’on reçoit par internet. Souvent, c’est de la publicité. Parfois, ce sont des arnaques. On estime que 70 à 90% des messages qui circulent sur internet sont des spams. Avec une dépense énergétique non négligeable, mais on les voit de moins en moins car les logiciels de messageries, notamment Gmail(Nouvelle fenêtre), sont devenus très intelligents et arrivent à les bloquer avant même qu’ils n’arrivent sur nos ordinateurs. Cela dit, si le spam existe encore, c’est que ça marche.

Il y a toujours une proportion de gens qui cliquent sur les liens proposés. Soit pour acheter des articles, soit parce qu’ils se font avoir par des faux emails, ce qu’on appelle du phishing. Le mot a même franchi les frontières de l’e-mail, puisqu’on l’emploie aujourd’hui aussi sur les réseaux sociaux. En français : pourriel.

Source et texte :

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/nouveau-monde/nouveau-monde-d-ou-vient-le-mot-spam_4029119.html

HISTOIRE DU GRAPHISME ENGAGÉ / V1

HISTOIRE DU GRAPHISME ENGAGÉ / V1

Dans le flux toujours plus rapide et surchargé des informations, le design engagé reste un puissant vecteur de sensibilisation et de changement. Cet article explore comment le graphisme militant a contribué (et contribue encore) à éveiller les consciences sur des enjeux cruciaux tels que les droits humains, l’environnement & la justice sociale.
Le design engagé a toujours été un prescripteur de tendances, reprises ensuite par d’autres secteurs. Au LAB, nos expériences visent à contribuer à la transformation de la société, un pixel à la fois, en nous mettant au service de celleux qui la transforment.
Cet article, c’est un peu d’histoire, un peu de décodage, un peu d’hommage et de l’enthousiasme à revendre.

 

1/ GENÈSE DU GRAPHISME MILITANT

Le design engagé, c’est l’art de transformer des données brutes – injustices, urgences écologiques, inégalités sociales – en visuels qui cherchent moins à plaire qu’à provoquer une réaction, capturer l’attention, transmettre un message et/ou susciter une action.

Notre approche n’est pas exhaustive, elle est avant tout sensible

1.1 / CONSTRUCTIVISME RUSSE : PROPAGANDE MILITANTE

Le constructivisme russe a marqué un tournant décisif dans l’histoire du design graphique, influençant profondément les approches modernes de la communication visuelle. Né dans le contexte post-révolutionnaire de la Russie du début du XXe siècle, ce mouvement artistique et architectural se caractérise par une esthétique avant-gardiste, fondée sur les idées d’optimisation fonctionnelle, de simplicité et d’abstraction.

Les artistes constructivistes, tels qu’Alexander Rodchenko et El Lissitzky, ont révolutionné le graphisme en intégrant des éléments de typographie démesurée, de géométrie abstraite et de composition dynamique, visant à transmettre des messages clairs et puissants. En privilégiant l’usage de formes simples et de couleurs primaires, ils visent non seulement à attirer l’attention visuelle, mais également à éduquer et à mobiliser, en alignant l’art sur les objectifs sociaux et politiques de l’époque.

Le constructivisme a ainsi posé les bases de nombreuses pratiques contemporaines du design graphique, en mettant l’accent sur la fonctionnalité de l’art et son rôle dans la société, inspirant les générations futures de designers à penser le visuel comme un outil de communication et de changement social.

Artiste Rodchenko

1.2 / LE BAUHAUS, OUI MAIS NON (MAIS UN PEU QUAND MÊME)

Le Bauhaus, bien que principalement associé à l’architecture et au design industriel, a également exercé une influence significative sur le graphisme. Toutefois, le qualifier de “militant” serait trompeur. Le Bauhaus n’était pas militant dans le sens traditionnel du terme, centré sur des causes politiques ou sociales spécifiques. Son militantisme était plutôt d’ordre conceptuel et éducatif, visant à révolutionner la façon dont l’art et le design étaient perçus, enseignés et pratiqués.

Fondé par Walter Gropius en Allemagne en 1919, le Bauhaus aspirait à abolir la distinction traditionnelle entre les beaux-arts et les arts appliqués. L’objectif était de créer des œuvres qui soient à la fois esthétiquement remarquables et fonctionnelles, intégrant l’art dans la vie quotidienne. À nos yeux de laborantines graphiques, cela représente une forme de militantisme en faveur de l’accessibilité de l’art et du design, promouvant l’idée que tout objet, du bâtiment au mobilier en passant par le matériel typographique, devait être à la fois beau, utile & accessible/lisible.

En graphisme, le Bauhaus a milité pour une approche minimaliste et fonctionnelle, mettant l’accent sur la lisibilité, l’utilisation de la géométrie et la typographie sans ornement. Les designers du Bauhaus, tels que Herbert Bayer et László Moholy-Nagy, ont été pionniers dans l’utilisation de compositions asymétriques, l’intégration de la photographie dans la mise en page (la technique du photomontage), et le développement de polices de caractères sans serif, qui sont devenues des éléments fondamentaux du design moderne.

Ainsi, bien que le Bauhaus ne soit pas militant au sens d’une lutte pour des causes politiques ou sociales spécifiques, il était profondément révolutionnaire dans sa remise en question des conventions artistiques et dans son engagement à fusionner l’art avec les aspects pratiques de la vie quotidienne. Son influence persiste dans l’enseignement et la pratique du design graphique contemporain, témoignant de son héritage d’innovation et de son approche intégrée de l’art et du design.

Ne cachons cependant pas que l’école du Bauhaus pratiquait, à quelques exceptions près et malgré son ouverture artistique, une idéologie conservatrice en termes de genre. Si ce sujet vous intéresse, nous vous conseillons “Les femmes du Bauhaus – Entre adaptation et affirmation” de Susanne Böhmisch.

László Moholy-Nagy. Peintre, plasticien, photographe
HERBERT BAYER. Typographe, designer, architecte

2 / LE GRAPHISME DE PROTESTATION

Dès les premiers jours, avec les affiches propagandistes de la Première Guerre mondiale, le graphisme a été utilisé comme un outil pour mobiliser les masses et influencer l’opinion publique. Cette tradition se poursuit et se diversifie avec les mouvements sociaux des années 1960, où les affiches deviennent plus colorées, audacieuses, et expérimentales, reflétant l’esprit de liberté et de rébellion de l’époque.

2.1 / JOHN HEARTFIELD & LE PHOTOCOLLAGE

Au début du XXe siècle, des figures comme John Heartfield utilisent le photomontage comme une forme de protestation contre le fascisme, prouvant que l’art peut être une arme puissante contre l’oppression. Puis, dans les années 60 et 70, différentes formes de protestation se développent souvent ancrées dans une culture visuelle propre aux différentes région du monde.

Ce même John Heartfield « réalise en 1928 l’une de ses affiches politiques la plus connue, pour “la liste des 5” : “la main a 5 doigts, avec 5 vous pouvez faire échouer l’ennemi. Votez pour la liste 5”. L’idée du 5 fonctionne aussi bien pour le visuel que pour le texte et apporte une cohérence globale et un impact visuel, avec cette main de travailleur, aux doigts salis, qui se projette pour saisir (probablement des cols blancs !). On voit également les membres de la république de Weimar ou de la droite fasciste pendus à des 5 aux côtés des grandes figures religieuses avec le slogan “Faites les comptes. Manifestez pour la révolution ! ». (John Heartfield, le photocollage comme arme politique – Graphéine)

JOHN HEARTFIELD. artiste allemand. Il fut, avec Raoul Hausmann, l'un des premiers à utiliser la technique du photomontage.
JOHN HEARTFIELD. artiste allemand. technique du photomontage.

Aux Etats-Unis toujours, Emory Douglas, l’artiste dont les œuvres pour le Black Panther Party mélangent habilement graphisme et militantisme, marque également les courants graphiques engagés.  Ces artistes, à l’instar d’un Ed Hall au Royaume-Uni, ont révolutionné l’esthétique militante, prouvant que l’écrit exposé doit désormais être “successivement photogénique, filmable, numérisable” pour capturer l’attention sur différents médias. Cette modernisation soudaine ne tient pas du hasard mais répond à une nécessité de rendre le message militant visible et impactant dans un monde de plus en plus numérisé.

Dans les contributions américaines marquantes, celle de Barbara Kruger, avec son style emblématique mêlant photographie et typographie pour interroger les structures de pouvoir et l’identité. Son travail a toujours été une grande source d’inspiration au LAB. 

« Sur de larges bannières, elle agrandit des images publicitaires issues de magazines et leur adjoint un slogan explicitement dirigé vers le public, qui questionne l’autorité, blanche et masculine, et les stéréotypes véhiculés par les médias. Ses photomontages, limités à trois couleurs (rouge, noir et blanc). (Fabienne Dumont – Dictionnaire universel des créatrices – © Éditions des femmes – Antoinette Fouque, 2013.

Emory Douglas est un artiste graphique américain - Membre des Black Panther
BARBARA KRUGER. Artiste conceptuelle américaine

ECRIT & SOURCE : lahplab.com

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GRAPUS, un graphisme d’utilité publique

GRAPUS, un graphisme d’utilité publique

Grapus est un groupement de graphistes revendiquant un statut d’auteur. 

Il est créé en 1970 par Pierre Bernard, François Miehe (qui s’en retire en 1980) et Gérard Paris-Clavel. En 1975 Jean-Paul Bachollet et en 1976 Alex Jordan les rejoignent.

Décrit comme « un bureau de graphisme d’extrême gauche », Grapus affirme son intention de « changer la vie » et va s’attacher à développer dans une même dynamique recherche graphique et engagement politique, social et culturel. Le nom Grapus est la contraction d’une insulte soixante-huitarde « crapule stalinienne » (crap stal) et du mot graphisme3.

Historique

Les trois fondateurs se sont rencontrés pendant le mouvement étudiant de mai 1968, dans l’atelier populaire chargé de la production des affiches murales et slogans de Mai 68 à l’École des Arts-déco, l’un des deux lieux qui s’en occupaient à Paris, avec l’École des beaux-arts de Paris.

Ils commencent à travailler avec la lutte pour l’arrêt de la guerre du Vietnam, pour l’identité visuelle de la CGT Paris et sur des campagnes d’affichage du Parti communiste français.

À partir de 1978, Grapus a l’occasion d’exposer dans d’importantes expositions comme à Paris (Musée de l’affiche), à Amsterdam (Stedelijk Museum), à Aspen (Colorado) et à Montréal (Musée d’art contemporain). Ils réalisent des affiches célèbres et influencent les jeunes générations par leur éthique à la fois novatrice et engagée.

Grapus a accueilli de nombreux participants et stagiaires ; en tout plus que 80 personnes ont fait partie du collectif. La conception des images réalisées s’est prêsque toujours faite collectivement1.

Leur style est marqué par l’utilisation de l’écriture manuscrite et de l’assemblage de techniques diverses (dessin, peinture, photo, texte).

Fin 1990, le collectif Grapus décide de cesser ses activités. En 1991 il reçoit le Grand prix national des arts graphiques à titre posthume.

L’après Grapus

Pierre Bernard fonde, avec Dirk Behage et Fokke Draaijer, « l’Atelier de Création Graphique », qui travaille dans les domaines de l’édition, de l’affiche, de la signalétique et dans le domaine de l’identité visuelle, avec toujours la même conviction (Grapus) que « le graphisme a une fonction culturelle d’utilité publique ».

Gérard Paris-Clavel crée avec Vincent Perrottet l’atelier « les Graphistes associés », qu’il quittera rapidement en 1992. Il devient graphiste indépendant pour développer dans son atelier d’Ivry-sur-Seine une activité artistique autonome à côté de son travail de commande d’artisan graphiste. En 1991 il crée avec Marc Pataut, l’association Ne pas plier.

Alex Jordan fonde l’atelier « Nous Travaillons Ensemble » (NTE) avec Ronit Meirovitz et Anette Lenz (qui faisaient partie de son groupe de travail à l’intérieur de Grapus) avec l’idée, de continuer naturellement la démarche « Grapus ». « Nous Travaillons ensemble » a travaillé en binôme avec l’association de photographes « le bar Floréal » depuis sa création en 1985 et cosigne également de nombreuses réalisations de l’association multidisciplinaire « la Forge ». Actuellement {2024) NTE est composé de , de Valérie Debure et d’Alex Jordan.

Le Fonds Grapus

À la dissolution du groupe en 1990, il est décidé de céder les archives à la ville d’Aubervilliers au sein des Archives communales. Les documents ont fait l’objet d’un tri et d’un classement à partir de 2001. Il s’agit de la collection la plus complète à ce jour (863 affiches) documentant 20 années de création collective au service de thèmes sociaux, culturels et politiques.

La ville d’Aubervilliers a travaillé en collaboration avec la bibliothèque Forney de la Ville de Paris et le soutien de la Mission Recherche et Technologie du ministère de la Culture, pour pouvoir mettre en ligne le Fonds Grapus sur son site Internet

Source :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Grapus

Les affiches présentent ci-dessous ont pour la plupart plus de 20 ans, voir 56 ans…. et cela ne bouge pas… aujourd’hui !

Chien poster Grapus
Logo Musée du LOUVRE
Logo secours Populaire

Mooc (Cours) – villes et territoires durables – ADEME / CNFPT

Mooc (Cours) – villes et territoires durables – ADEME / CNFPT

Villes et territoires durables.
Méthodes et outils pour passer à l’action – ADEME/CNFPT

Agir pour des villes et territoires sobres, résilients, inclusif, créatifs ?
Découvrons ensemble les outils et méthodes clés pour y parvenir.

Inscription du 01 juil. 2024 au 24 nov. 2024

Ce que vous allez apprendre

À la fin de ce cours, vous saurez :

• Identifier sommairement les piliers de la ville et territoire durables

• Connaître, comprendre les principaux outils oeuvrant à la ville durable

• Travailler dans une approche systémique

• Mobiliser les réseaux d’acteurs

 

Description

Après un premier MOOC de sensibilisation aux concepts de la ville et des territoires durables. Il est apparu opportun de construire un second MOOC, Villes et Territoires durables : outils et méthodes pour passer à l’action. Ce MOOC de niveau 2 beaucoup plus opérationnel, va donner des clés concrètes d’actions pour agir directement sur son territoire. Il est alors à destination des acteurs de la ville durable, pour toutes les personnes intéressées par le thème et/ou qui travaillent dans le domaine de l’urbanisme.

Vous avez été plus de 12 000 à suivre le MOOC pour les sessions 2022/2023 ! Nous tenons à vous exprimer notre profonde gratitude pour y avoir participé.
Fort de ce succès, nous relançons des sessions 2024 avec des mises à jour ponctuelles et quelques nouveaux outils, conçues spécialement pour répondre à vos besoins en constante évolution et pour vous offrir une expérience d’apprentissage encore plus enrichissante.

 

Format

Ce cours se déroule sur 4 semaines. Chaque séance comprend des vidéos formatives, des activités,  un ou des quiz, des documents complémentaires ainsi qu’un forum de discussion.

 

Prérequis

Aucun prérequis n’est nécessaire pour suivre ce cours.

 

Evaluation et Certification

À l’issue de chaque séance, un quiz vous permettra d’obtenir une note. Si vous obtenez au moins 50 % de bonnes réponses à l’ensemble des quiz, un badge de suivi avec succès vous sera délivré en fin de cours.

 

Plan de cours

 

fun-mooc.fr/fr/cours/villes-et-territoires-durables-methodes-et-outils/

ENTREPRISES INNOVANTES – LOW-TECH

ENTREPRISES INNOVANTES – LOW-TECH

Les pionniers de la low-tech cherchent la voie du passage à l’échelle

Théorisé il y a dix ans dans l’ouvrage éponyme de Philippe Bihouix, L’âge des low-tech en est encore à l’heure des balbutiements. Malgré un frémissement certain et des foisonnements locaux, le modèle low-tech doit, s’il veut s’imposer, s’appuyer sur une véritable volonté politique et s’enraciner dans les imaginaires. 

https://www.ladn.eu/entreprises-innovantes/les-pionniers-de-la-low-tech-cherchent-la-voie-du-passage-a-lechelle/ 

« Dépêchons-nous de redonner du sens au progrès en utilisant mieux le potentiel de nos ingénieurs, de la low-tech et même pourquoi pas de la high-tech, à condition que cette dernière démontre sa capacité à nous décarboner en absolu et pas seulement en intensité, et sans aucune autre externalité négative ! » plaidait Fabrice Bonnifet en janvier dernier dans son éditorial récurrent publié sur le portail TF1Info. Le président du C3D (Collège des directeurs du développement durable) et Directeur du développement durable du groupe Bouygues s’agaçait alors des innombrables gadgets connectés tous plus dispensables les uns que les autres présentés lors de l’édition 2024 du CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas, ce salon de l’électronique qui fait office de grand-messe pour le monde de la tech.

Engagé de la première heure en faveur d’une économie soutenable, l’homme est partisan d’une démarche plus sobre. « C’est un peu ridicule aujourd’hui de continuer de vouloir rendre techniques à tout prix tout un tas d’objets dont on sait qu’on n’utilise pas le dixième des fonctionnalités qu’ils remplissent au quotidien » explique M. Bonnifet, selon lequel « on a tout intérêt à downsizer la technicité de certains objets parce qu’en usage réel, on s’aperçoit que les low-tech font parfaitement l’affaire ». Low-tech. Le mot est lâché. Devenu un incontournable du lexique de la sphère écolo, il suscite un intérêt certain dans le monde de l’ingénierie. Et infuse désormais auprès du grand public. De nombreux acteurs de la transition l’ont ainsi repris à leur compte et le mot s’invite régulièrement dans la bouche de certaines figures politiques ou médiatiques, à l’instar de Jean-Marc Jancovici.

 

Concarneau, laboratoire de la low-tech en France

Mais de quoi les low-tech sont-elles le nom ? D’une stricte opposition à la fameuse high-tech dont elle est l’antonyme ? La plupart des acteurs de l’écosystème ne se reconnaissent pas dans cette définition. « On n’est pas du tout anti-tech, on se dit plutôt qu’il faut l’utiliser à des endroits vraiment pertinents » explique ainsi Guénolé Conrad, ingénieur et coordinateur de projets low-tech au Low-Tech Lab, une association pionnière fondée en 2013 et qui a fait du pays de Concarneau un véritable petit laboratoire des low-tech. Tantôt qualifié de « démarche », de « philosophie » ou de « pensée globale », le concept de low-tech puise ses racines dans le foisonnement intellectuel des années 1970. Le terme en lui-même ne finira toutefois par réellement émerger qu’au début du XXIe siècle, avec une accélération manifeste durant la décennie 2010. En 2007, le journaliste néérlandais Kris de Decker posait un acte fondateur en lançant « Low Tech Magazine », un site Internet en plusieurs langues et qui fonctionne depuis 2018 sur un serveur alimenté à l’énergie solaire. Le Low-Tech Lab voit le jour quelques années plus tard à Concarneau, soutenu par Explore, le fonds de dotation du navigateur Roland Jourdain, vainqueur de la Route du Rhum à deux reprises. Depuis, le collectif s’échine à explorer, référencer et expérimenter des technologies low-tech. Portée par l’ingénieur Corentin de Chatelperron, l’aventure a démarré en 2013 et s’est poursuivie notamment dans le sillage du Nomade des Mers, un projet d’exploration à la voile qui a duré six ans. Le Low-Tech Lab, qui participe aujourd’hui à structurer le mouvement en France, représente une branche spécifique de ce dernier, issue du monde des ONG. « Le monde du développement tournait autour de la question depuis longtemps mais ne parlait pas de low-tech à proprement parler. En fait, on parlait surtout de technologie appropriée » raconte Guénolé Conrad qui, avant de rejoindre le Low-Tech Lab, travaillait dans une ONG au Nicaragua où il implémentait du low-tech avec les populations locales, afin notamment d’améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement des habitants de la région. Depuis deux ans, le Low-Tech Lab travaille avec l’ADEME et la région Bretagne sur la manière de structurer la démarche low-tech à l’échelle de dynamiques territoriales. Une expérimentation est ainsi en cours sur le territoire de l’agglomération de Concarneau avec une vingtaine de structures volontaires participantes. « On va voir et tester comment collectivement on peut mieux se coordonner pour traiter des problématiques des différents acteurs impliqués. Par exemple : comment un hôpital ou un chantier naval peuvent faire de la logistique entre les différents sites à vélo » détaille Guénolé Conrad. L’association concarnoise a aussi aidé à la mise en place d’une option “Ingénierie des low-tech” à l’Ecole centrale de Nantes.

 

À Centrale Nantes, des ingénieurs formés à la low-tech

Portée par l’enseignant Jean-Marc Benguigui, cette option accessible aux étudiants de deuxième et troisième années, se fixe pour objectif « de former des ingénieurs capables de construire un monde résilient et sobre ». Pionnière en France, la formation a pu se structurer grâce à l’aide d’un certain… Roland Jourdain. Ces deux dernières années, les étudiants ont ainsi travaillé à équiper en solutions low-tech son catamaran We Explore ainsi que la base Explore située à Concarneau. C’est notamment avec ce bateau, construit pour moitié à base de fibres de lin produit en Normandie, que Roland Jourdain avait participé à la Route du Rhum en 2022. Son Fonds de dotation « Explore » permet de soutenir des projets qui utilisent la science, l’innovation et la sensibilisation au profit d’actions en faveur de l’environnement. Il bénéficie du soutien du Crédit Agricole du Finistère depuis 10 ans. A noter également que le Groupe Crédit Agricole accompagne également depuis de nombreuses années Plastic Odyssey, un bateau ambassadeur de solutions, y compris low-tech, pour lutter contre la pollution plastique.

Les ingénieurs en devenir plancheront à la rentrée sur un nouveau projet avec Kerlotec, un centre de formation et d’expérimentation de la low-tech installé par son fondateur, Alan Fustec, dans un château situé à proximité de Guingamp. Dans ce lieu destiné à former des patrons d’entreprises, les étudiants travailleront à rendre plus low-tech un habitat situé en milieu rural. Responsable de l’option low-tech à Centrale Nantes, Jean-Marc Benguigui se dit encore « surpris » par le succès de cette option. L’initiative étonne et inspire. Des enseignants d’autres écoles, de jeunes ingénieurs, des associations et de grandes entreprises s’y intéressent. l’enseignant de Centrale Nantes note que si certains étudiants sont parfois réticents à l’idée de travailler avec ces grandes entreprises, ils réalisent en les rencontrant l’impact transformatif qu’ils peuvent avoir de l’intérieur. « Dans une école comme la nôtre, l’idée c’est aussi d’accompagner les entreprises dans cette démarche philosophique. Un certain nombre d’entre elles aimeraient d’ailleurs monter des chaires de recherche autour de la low-tech. C’est un domaine encore assez émergent et il y a beaucoup à construire dans le monde académique » remarque Jean-Marc Benguigui. Dans l’immédiat, il planche surtout sur une question existentielle dans le monde de la low-tech : comment faciliter le passage à l’échelle ? À Centrale Nantes, la réflexion a commencé pour ouvrir plus largement les formations consacrées au mouvement. Des cours sont même désormais donnés en option dès la première année. Le signe d’une effervescence low-tech ?

 

L’ADEME joue la carte de l’acculturation

Anne-Charlotte Bonjean, coordinatrice du pôle durabilité et ressources et référente low-tech à l’ADEME, témoigne en ce sens. « Depuis début 2020, ça se développe de plus en plus. Notamment grâce au travail effectué par les associations depuis plus de 10 ans qui communiquent et mettent en avant le concept » observe-t-elle, citant également l’impact du film-documentaire récent Low-Tech : les bâtisseurs du monde d’après réalisé par Adrien Bellay. L’Agence de la Transition écologique, elle, a commencé à s’intéresser aux low-techs dès 2018, d’abord via un cycle de conférences en Ile-de-France puis une diffusion dans toutes les régions avec la mise en place d’interlocuteurs dédiés. Anne-Charlotte Bonjean situe l’ADEME comme étant dans une position à la fois d’accompagnement et d’acculturation des acteurs économiques à la low-tech.

L’Agence a notamment accompagné la société lilloise Kylii Kids, qui fabrique des jeux électroniques pour enfants, dans le développement d’un jeu auto-alimenté et d’un écran à basse consommation principalement en matières recyclées. « Quand on leur a parlé de low-tech, ils ne savaient pas ce que c’était. On leur a apporté de l’expertise et aujourd’hui, ils sont totalement convaincus et se sont appropriés la démarche » se félicite Anne-Charlotte Bonjean. Laquelle cite entre autres projets inspirants NeoLoco en Normandie qui se revendique comme « la première boulangerie et activité de torréfaction solaire d’Europe ». Avec ses pains et ses graines cuits ou torréfiés à l’énergie solaire, NeoLoco veut inspirer et faciliter ce fameux passage à l’échelle en formant artisans, scolaires et jeunes ingénieurs. Se définissant comme un « laboratoire de recherche en milieu réel », NeoLoco est partie prenante de La Belle Tech, autre initiative normande qui œuvre à l’industrialisation d’outils professionnels sobres et résilients à l’intention des artisans et des PME.

Anne-Charlotte Bonjean veut croire que le modèle low-tech diffusera jusqu’aux grandes entreprises. « Certaines ont déjà pris le sujet à bras-le-corps comme Decathlon, Bouygues Immobilier ou Lunii, le fabricant de boîtes à histoires. Et on a des demandes d’autres entreprises qui veulent savoir comment faire » témoigne la référente de l’ADEME. Jusqu’à imaginer les Big Tech comme Apple se mettre eux aussi à la low-tech ? « Pourquoi pas » répond Anne-Charlotte Bonjean, qui rappelle que « low-tech et high-tech ne sont pas en opposition » et que, face aux exigences de la France et de l’Union Européenne, Apple propose désormais des smartphones plus facilement démontables et donc réparables.

 

« Il manque la réflexion sur le système économique »

Les termes ne sont pas opposés, mais aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, celui de low-tech est peu utilisé dans le monde anglo-saxon et a surtout été adopté par les Français. L’ingénieur Philippe Bihouix y a largement participé en publiant en 2014 L’âge des low-tech. Fondateur, l’ouvrage reste une référence dans tout l’écosystème de la low-tech. Dix ans plus tard, son auteur observe le foisonnement en cours. « Un certain nombre d’institutions et d’acteurs ont pris conscience que la transition énergétique allait effectivement nécessiter une extraction phénoménale de ressources. Dans le même temps, on a vu du remue-méninges à l’ADEME qui s’est emparée du sujet mais aussi dans le monde de la recherche et de l’éducation avec les écoles d’ingénieurs qui se mettent à la low-tech et même quelques entreprises » observe M. Bihouix.

Malgré ce frémissement, l’âge espéré des low-tech semble pourtant ne pas être pour demain. « Il faut ramener les choses à leur juste mesure. Il y a des aventures personnelles et des collectifs enthousiasmants mais nous n’en sommes pas au passage à l’échelle » remarque celui qui a également écrit Le bonheur était pour demain en 2019 et co-écrit La ville stationnaire, comment mettre fin à l’étalement urbain en 2022. Parmi les principaux freins qu’il identifie : le fait que les low-tech ne soient pas forcément moins chères à produire que les high-tech produites en grand nombre à l’autre bout du globe avec une main d’œuvre peu onéreuse. « Tant que la culture du consommer/jeter ne coûte rien, ça va être compliqué à mettre en oeuvre » déplore l’ingénieur. « Il manque la réflexion sur le système économique » poursuit-il, constatant que « personne n’a vraiment envie ni intérêt à une réduction des flux d’énergie et de ressources » . Il cite en exemple la campagne de communication menée par l’ADEME à l’automne dernier sur les « dévendeurs ».

Une démarche censée encourager la sobriété qui avait froissé des associations de commerçants aux organisations patronales en passant par Bercy, générant une énième crispation entre les ministères de l’Economie et de la Transition écologique. Symptomatique selon M. Bihouix : « C’est classique de la transition qu’on fait sans vraiment la faire. L’Etat se rend compte qu’il n’a pas très envie que ça entame son PIB. Et certains acteurs n’ont pas plus envie de faire bouger leur business model » . La rémanence des promesses cornucopiennes et techno-solutionnistes ne le surprennent pas davantage. « Au XXe siècle, on n’a pas arrêté de nous expliquer que la technologie allait faire notre bonheur. Finalement, c’est toujours pour après-demain. Dès les années 1960, des rapports sérieux parlaient de bases lunaires, de voitures volantes, d’énergie gratuite grâce à la fusion nucléaire. Ce sont les mêmes vieilles lunes qui reviennent aujourd’hui. L’abondance promise n’est jamais là car le système économique est suffisamment malin pour augmenter nos désirs en même temps que nos estomacs » poursuit-il. Lucide, il ne voit pas le virage low-tech se produire du jour au lendemain. Et ne croit pas plus à une disparition de la high-tech. « Finalement, la résilience viendra peut-être de la complémentarité entre ces deux mondes » conclut-il, comme s’il demandait lui-même à en être convaincu. Un écho à ce qu’il écrivait l’année dernière en postface de l’ouvrage Une anthologie pour comprendre les low-tech »  : « Il est à craindre que, sans portage ou sans ambition politique, la mode des low-tech ne passe et que celles-ci restent globalement inopérantes ou marginales. A moins que les circonstances environnementales, politiques et économiques ne continuent à évoluer avec rapidité ; alors, avec l’être humain si adaptable, on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise » .

ARTICLE de :  PIERRE DEZERAUD

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